Consultation

XX, folios:60
Faure, Clément
M. de Gordes
Lettre non liée
13/01/1573
Grenoble
Valence

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monseigneur, on dict que chose pire ne pourroit advenir au berger que quant

2

les chiens quil nourrit pour garder son troppeau viennent se randans loupz

3

le devorer et exercer leur rage furieuse surce quilz debvoient garder. Semblable

4

desastre est advenu en ceste ville puys quelzques jours en ça, non par le deffault

5

du sieur que y avés commys pour la garder et y commander, mays certains soldatz

6

ou se disantz telz, toutesfoys ressemblans mieux aux gardes du sepulcre de Notre Seigneur

7

avecques leurs halebardes que non à des advanturiers et toutesfoys pleust à Dieu

8

quilz feissent bien leurs gardes où ilz sont commandés, car il ne se f[e]roit tant

9

de bruict, frappementz, batteries, blesseures et aultres choses qui se commectent en ceste

10

ville et jour et nuict sans le mauvais traictement que leurs hostes en reçoyvent,

11

lesquelz bien quilz ayent estés contrayres à notre prince, vous, et notre religion

12

toutesfoys sestans remys suyvant le commandement de sa magesté, sont travailhés,

13

comme saurés assés à votre desirée venue icy, où les plainctes pour rayson de

14

ces gens vous pourront esmouvoir à pityé, car on a bien peu desgart ou à ceux

15

qui ont tousjours tenu le bon parti, ou à ceux qui nouvellement sy sont remys,

16

mesmes que ung jeune homme, nommé le Cadet de Foulhouse, feust blessé dernierement

17

d’un coup de poignard doù il est gueri et hier, XIIe de ce moys, ayant soppé à la

18

mayson, j’allay pour passer le tempz chez ung notre voysin, nommé Jehan Ryvaud,

19

et pour avoir compagnye, mandasmes querir deux aultres marchandz, l’ung

20

nommé Loys Lyous et laultre Mathieu Chabrières, comme aux derniers troubles

21

de monsieur de Briansson qui estans venus nous mesmes à jouer fins à neuf heures

22

du jour et despartans me ferent compagnye jusques à la porte de notre mayson

23

avecques leurs lanternes et mon flambeau ; mays je me feu presques retiré que

24

certains de ces (appellés) soldatz les chargearent et premierement leurs gens qui

25

pourtoient les lanternes qui se meisrent en fuicte et se sauvarent comme aussy fest

26

Lyoux ; mays ledit Chabrieres receust ung coup de halebarde à la joue, qui le

27

coucha à terre où après luy feust donné infinité de copz despée ; enfin on

28

sortist aux fenestres et lesdits estrangers, mangeant le pein du peuple, se sauvarent

29

à la fuicte et ledit Chabrières mené en sa mayson avecques le barbier ; et parce

30

que en partye je suys cause du mal pour lavoir mandé querir, je me suys ingeré

31

vous escripre la presente pour vous supplier commander à ceux qui manient la justice

32

y tenir la main bien que monsieur Correiz, par le commandement de monsieur de La Tivollière,

33

informe, mays ce nest assés, estant asseuré du bon zèle qu’avés à fère observer

34

la justice et rendre à chacun son debvoir ; et du desir que aurés au solagement

35

de ceste pouvre affligée ville de laquelle quelzques ungz ne sachantz ce quilz demandent

36

comme les enfans de Zebedé y ont faict venir ceste troppe, aussy (à ce que jay

37

entendu) leur festes la responce telle que leur feist Notre Seigneur, auquel je

38

prye vous donner,

39

monseigneur, avecques très longue et heureuse santé, lentier accomplissement de voz

40

desirs et augmentation de votre grandeur. De Valence, ce XIII janvyer 1573.

41

Vostre très humble et hobeissant serviteur

42

Clement Faure

Loading...