Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, on dict que chose pire ne pourroit advenir au berger que quant
2les chiens quil nourrit pour garder son troppeau viennent se randans loupz
3le devorer et exercer leur rage furieuse surce quilz debvoient garder. Semblable
4desastre est advenu en ceste ville puys quelzques jours en ça, non par le deffault
5du sieur que y avés commys pour la garder et y commander, mays certains soldatz
6ou se disantz telz, toutesfoys ressemblans mieux aux gardes du sepulcre de Notre Seigneur
7avecques leurs halebardes que non à des advanturiers et toutesfoys pleust à Dieu
8quilz feissent bien leurs gardes où ilz sont commandés, car il ne se f[e]roit tant
9de bruict, frappementz, batteries, blesseures et aultres choses qui se commectent en ceste
10ville et jour et nuict sans le mauvais traictement que leurs hostes en reçoyvent,
11lesquelz bien quilz ayent estés contrayres à notre prince, vous, et notre religion
12toutesfoys sestans remys suyvant le commandement de sa magesté, sont travailhés,
13comme saurés assés à votre desirée venue icy, où les plainctes pour rayson de
14ces gens vous pourront esmouvoir à pityé, car on a bien peu desgart ou à ceux
15qui ont tousjours tenu le bon parti, ou à ceux qui nouvellement sy sont remys,
16mesmes que ung jeune homme, nommé le Cadet de Foulhouse, feust blessé dernierement
17d’un coup de poignard doù il est gueri et hier, XIIe de ce moys, ayant soppé à la
18mayson, j’allay pour passer le tempz chez ung notre voysin, nommé Jehan Ryvaud,
19et pour avoir compagnye, mandasmes querir deux aultres marchandz, l’ung
20nommé Loys Lyous et laultre Mathieu Chabrières, comme aux derniers troubles
21de monsieur de Briansson qui estans venus nous mesmes à jouer fins à neuf heures
22du jour et despartans me ferent compagnye jusques à la porte de notre mayson
23avecques leurs lanternes et mon flambeau ; mays je me feu presques retiré que
24certains de ces (appellés) soldatz les chargearent et premierement leurs gens qui
25pourtoient les lanternes qui se meisrent en fuicte et se sauvarent comme aussy fest
26Lyoux ; mays ledit Chabrieres receust ung coup de halebarde à la joue, qui le
27coucha à terre où après luy feust donné infinité de copz despée ; enfin on
28sortist aux fenestres et lesdits estrangers, mangeant le pein du peuple, se sauvarent
29à la fuicte et ledit Chabrières mené en sa mayson avecques le barbier ; et parce
30que en partye je suys cause du mal pour lavoir mandé querir, je me suys ingeré
31vous escripre la presente pour vous supplier commander à ceux qui manient la justice
32y tenir la main bien que monsieur Correiz, par le commandement de monsieur de La Tivollière,
33informe, mays ce nest assés, estant asseuré du bon zèle qu’avés à fère observer
34la justice et rendre à chacun son debvoir ; et du desir que aurés au solagement
35de ceste pouvre affligée ville de laquelle quelzques ungz ne sachantz ce quilz demandent
36comme les enfans de Zebedé y ont faict venir ceste troppe, aussy (à ce que jay
37entendu) leur festes la responce telle que leur feist Notre Seigneur, auquel je
38prye vous donner,
39monseigneur, avecques très longue et heureuse santé, lentier accomplissement de voz
40desirs et augmentation de votre grandeur. De Valence, ce XIII janvyer 1573.
41Vostre très humble et hobeissant serviteur
42Clement Faure